» Ah oui, c’est vrai que tu ne bosses plus, toi …  »

Et oui, le sujet qui fâche. Nous y voici. Il fallait bien que je vous en parle un jour. Et là, ça y est, je suis chaude pour me lancer ! Alors, dans mon élan vers ma nouvelle vie, je pensais que l’ensemble de mon entourage, parents, amis, et tutti quanti, m’encouragerait avec un enthousiasme débordant de sincérité du style :  » Cécile, on est à fond avec toi ! « ,  » Tu sais, tu peux compter sur moi ! « , ou bien encore,  » On sera là pour te soutenir « . Franchement, si vous avez un pote ou un proche qui se lance en solo, la logique voudrait que ce soit ça que vous entendiez, non ? En tout cas, c’est ce que je me suis dit. Et bien j’ai vite déchanté et la chute fut douloureuse, croyez-moi. J’ai même encore quelques courbatures à l’heure où j’écris cet article.

Alors, c’est quoi le problème ? C’est moi ou eux ? J’ai essayé de comprendre. Et si je me repasse le film, effectivement j’ai cru avec une naïveté presque surréaliste que le monde entier allait applaudir mon initiative de nouvelle vie. Le monde entier pour moi, c’était d’abord les proches. Vous savez, ceux qui comptent normalement le plus pour vous. Vous les connaissez depuis toujours ou presque, et en tout cas, ils font partie de votre univers. Je me souviens, quand je travaillais dans le monde de l’entreprise, nous échangions régulièrement sur nos misères liées à nos patrons respectifs, à nos collègues qui nous prennent la tête, j’en passe et des meilleurs. Nous nous écoutions religieusement parler de nos tranches de vie du moment. Et là, ma vie d’antan les intéressait beaucoup. Mais bon sang, pourquoi les choses ont-elles tant changé ?

Et bien, je me pose encore la question. Car, en fait, il ne s’est rien passé. Et c’est bien ça le problème. Pas de réaction, pas de sursaut, que du vide et du néant. En gros, une indifférence générale qui a fait voler en éclats mes belles certitudes sur l’amitié. Parce que moi de mon côté, j’ai continué à écouter les lamentations mais bizarrement on ne s’intéressait pas à ce que j’avais à dire de tellement positif sur ma nouvelle situation professionnelle. Pire, je n’en parlais pas puisqu’on ne me posait pas de question qui aurait pu être :  » Et toi, ça roule sinon ton démarrage d’activité ? Tu en es où ? T’as trouvé des clients, des partenaires ? « 

Non, à moi, on ne me posait plus de questions. Pire, je pense que je devenais inexistante. L’ultime coup de grâce fut dans cette phrase lancée à la volée lors d’une soirée : «  Toi, tu ne bosses plus maintenant !  »

Mais alors, qu’est-ce qui cloche dans tout ça ? Et bien de deux choses l’une. Soit, le changement que j’ai amené dans ma vie dérange mon entourage soit cette amitié n’était pas faite pour supporter ces événements. En tout cas, le démarrage de ma solo-entreprise était ma pierre de touche de l’amitié. C’est difficile, c’est sûr, mais au moins je sais désormais sur qui je peux compter ou pas. Et lorsque je dis que mes premiers clients sont de parfaits inconnus qui m’ont fait confiance, personne ne veut me croire. En fait, je crois que mes amis d’avant n’ont même pas compris ce que je fais vraiment avec mes  » crèmes  » et mes  » trucs  » en argent, alors imaginez avec mon blog. Et je pense qu’ils ne le sauront jamais vraiment.

Alors, ce n’est pas grave, je m’en remets et puis surtout aujourd’hui, je démarre de nouvelles amitiés et de nouvelles aventures.  C’est vrai qu’il aurait été bien plus confortable et logique de m’exercer dans un cercle privé pour démarrer mon business mais au moins cela m’a permis d’oser des choses dont je ne me sentais pas forcément capable. Et puis du coup, j’ai sympathisé avec ma voisine, avec les copines de maman, avec les copines des copines, avec les anciens voisins et leurs voisins, et ainsi de suite. Finalement, c’est ça mon boulot, créer du lien.

Et puis le plus important … c’est d’aller de l’avant !

A très vite pour le prochain épisode.